L’amour infini d’un fils pour sa mère Romain Gary et sa Promesse de l’aube

L’amour infini d’un fils pour sa mère

Romain Gary et sa Promesse de l’aube

 Nous avons l’habitude de lire La Promesse de l’aube comme l’histoire d’un amour fou d’une mère pour son fils, or ne s’agit-il pas au fond d’un hommage rendu à la femme la plus aimée au monde, celle qui travailla jour et nuit pour payer les cours particuliers de maintien de son fils, celle qui disait à son fils :

«  -Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es ! »

 Sa mère Nina Borisvoskaia, artiste, fille d’un horloger, ne verra pas la réussite de son fils. Quittant Vilna pour Nice, elle vivra de peu, élevant son fils, véritable « racine du ciel », pleine d’espoir et de rêves, d’ambition et d’amour pour son fils, dont elle façonna le destin, apportant à l’humanité ce magnifique présent, une littérature de l’amour et de la spiritualité à travers son fils.

 « Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. »

 Elle souhaitait que son fils devienne un intellectuel, un français, un grand écrivain, un ambassadeur de France, un chevalier de la Légion d’honneur ou un héros de l’Armée Française.

Romain Gary obtiendra deux prix Goncourt, sera Consul général de France aux Etats-Unis, Chevalier de la Légion d’Honneur, titulaire de la médaille de la Libération… La Russie, la Pologne, puis la France (Nice). Les efforts illimités de sa mère, celle qui ne verra pas les réussites plurielles de son fils.

 Qui promet quoi à qui ? Romain a-t-il tenu ses promesses ? Et comment donner du sens au sacrifice d’une mère ? Comment en devient-on l’otage ? L’otage de sa mère et de son sacrifice ? L’otage du désir d’une mère… Comme si Nina avait eu son fils toute seule…

Et où se cache le père de Romain Gary ? Celui auquel Romain ne pardonnera jamais d’avoir abandonné sa mère. Cependant, victime des nazis, Romain Gary, « moitié juif, moitié tartare » se reconnaîtra en son père, comme juif.

Une problématique magnifique pour la psychanalyse que Romain Gary n’aimait pas vraiment. Et pour cause ! Complexe d’Oedipe ? 

Excellent film d’Eric Barbier, avec Charlotte Gainsbourg, très émouvante, d’autant plus crédible dans ce rôle, que son père Serge Gainsbourg avait des origines russes et Pierre Niney, grande sensibilité, à la hauteur de son rôle.

 

 

 

Ariane KALFA

Psychanalyste, Psychothérapeute, Psychogénéalogiste

20 ans d’expérience, HDR

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