Naissance de la psychanalyse, de la religion à la thérapie
Un mariage d'enseignements improbable et pourtant complémentaire, au service de la santé des patients.
psychanalyse, Judaïsme
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Naissance de la psychanalyse

C'est par sa blessure que l'être humain s'humanise. (Elie Wiesel)

Naissance de la psychanalyse…

Les livres les plus connus de Freud, Totem et tabou, L’Avenir d’une illusion, Moïse et le monothéïsme, dénoncent la pratique archaïque du religieux. Son vécu lui-même, son mariage avec Martha Bernays, petite-fille du grand rabbin de Hambourg, ne souffre la pratique religieuse. Cependant, la conscience de son judaïsme, bien que problématique, est inséparable de la psychanalyse. Comment peut-on alors séparer la religion de la naissance de la psychanalyse ?

Judaïsme problématique d’abord puisqu’il raconte un fait traumatisant dont il fut le témoin, lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, une humiliation de son père par un antisémite. Judaïsme problématique ensuite car malgré lui, à son in-su (?), il poursuit une ancienne tradition de l’interprétation, du statut de la parole, du discours, du rêve et de la transmission. Le mot d’esprit, le rêve, le discours, la parole, ne sont que du texte à déchiffrer, ils désignent d’abord eux-mêmes tels qu’ils s’entendent, se prononcent, se formulent, puis plus qu’eux-mêmes, au-delà d’eux-mêmes, tels qu’ils invitent à l’interprétation, au déchiffrement, au commentaire.

Et comment ne pas penser de fait aux différentes méthodes d’interprétation des textes. Nul ne pourra dire à quel point Rashi par exemple, le grand commentateur de la Torah, du Talmud et d’autres textes fondamentaux de la Tradition, annonce déjà au Moyen âge l’invention de la psychanalyse. Les Maîtres du Talmud ainsi que les Sages de la Kabbale participent également de l’origine de la psychanalyse. Et que dire de Rabbi Nahman de Bratslav, qui dans son Sefer hamidot, évoque pas à pas les fonctionnements de l’inconscient ainsi que les profondeurs de l’âme humaine sans les nommer en tant que tels.

L’importance de la parole par exemple, la verbalisation, ou pour le dire plus précisément la « dé-verbalisation », le fonctionnement inconscient d’une parole qui s’inscrit et se « dés-inscrit » sur l’être est un héritage évident de la tradition juive. Le statut de la « parole créatrice » de la réalité est le fondement même des premières pages de la Genèse. C’est, en effet, la parole divine qui crée le monde. C’est également l’élaboration de la parole, celle des différentes alliances qui génère du vécu, de l’histoire et de la transmission. La naissance de la psychanalyse résulte de cette capacité de parole.

Mon avis sur la question

Je voudrais rendre compte de mon expérience personnelle en tant qu’analyste, depuis longtemps, les textes m’ont appris à aider les analysants à sortir de leur prison intérieure, que ces textes soient talmudiques ou toraniques, je n’oublie jamais que nos Sages disent que l’on ne peut libérer quelqu’un d’une prison dont il ne désire pas sortir, qu’un peuple réuni autour de la libération de l’esclavage en éprouve la nostalgie depuis l’aridité redoutable du désert… depuis la sècheresse du Désert (Mi-DBaR). Midbar, ce qui signifie littéralement « du (lieu) de la parole »,  les difficultés de la parole, de la verbalisation, de la souffrance qu’elle donne à re-vivre, à ré-éprouver, à re-ssentir à se re-présenter une autre fois, une nouvelle fois ou plus précisément, une fois nouvelle comme si c’était la première fois, la souffrance originelle et l’origine même de la souffrance, l’impossibilité même de dire même si cela est nécessaire, car toute souffrance est fondamentalement, par essence indicible, car aucun mot ne pourra en rendre compte. Et il demeurera toujours un reste. Ce qui reste derrière soi en quittant un lieu sans se retourner, ce que l’on croit avoir oublié, ce qui est laissé à la traîne… et ce dont la mémoire déborde.

Je souhaiterais également souligner que mon passage de la philosophie à la psychanalyse, signifie un passage du « quoi » aristotélicien au « qui » de la métaphysique et de l’altérité, pour en finir avec le « ti esti » (qu’est-ce que l’étant) aristotélicien et ouvrir ses yeux, ses oreilles et son cœur au « qui » de l’autre, de l’autre analysant. Qui est-il celui-ci ou celle-ci que le hasard et la nécessité ont enclin à venir jusqu’à moi, moi dont cet autre ne sait rien ou si peu de choses et qui se livre la plupart du temps, comme si j’étais et simultanément comme si je devenais progressivement au détour d’un mot qui ne vient pas ou sur lequel l’analysant trébuche, d’une émotion qui le submerge, d’une larme qu’il retient, d’un sanglot qui éclate, comme si j’étais profondément tour à tour le garant et le témoin de sa propre existence. Comme si son « qui » me posait moi-même comme un « qui », c’est-à-dire comme un être, ancré dans l’existence et par conséquent dans la mort, à ce moment précis, unique, irréductible.

Voilà les prémices de la naissance de la psychanalyse.

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