Devenir psychanalyste, comment et pourquoi

Pourquoi et comment devenir psychanalyste ?

Quelles sont les qualités requises pour devenir psychanalyste?

A.K : Les qualités requises sont : la bienveillance, la neutralité, la tolérance, la compréhension, l’ouverture d’esprit, l’absence de jugement… et plus que tout, l’ouverture à l’autre.
Car, lorsqu’il s’agit de l’existence d’un être humain, cela transcende toutes les catégories. En ce sens, il faut savoir unifier, associer, assembler les grands universaux qui concernent toute l’espèce humaine et simultanément, discerner la singularité, la particularité, l’exception de l’autre en tant qu’autre.
La véritable question est celle du respect de l’autre qui est une valeur morale. Le respect de l’autre dans son intégrité et dans sa dignité est la condition pour que le psychanalyste puisse devenir psychanalyste et que l’analysant poursuive sa psychanalyse.
Le psychanalyste doit également établir une distance à l’égard de son savoir, de ses connaissances et laisser l’autre exister, persister dans son existence, devenir lui-même.
Le psychanalyste doit se tenir en retrait, à distance. Le retrait est l’une des clés de la psychanalyse car elle est d’abord un « accompagnement ». L’autre clé est la patience. Paradoxalement, c’est au psychanalyste d’être patient bien plus qu’au patient; il ne s’agit pas d’être un témoin passif, mais il faudra orienter le patient. Etre un témoin actif tout en demeurant le dépositaire d’une mémoire.
Une autre qualité pour devenir psychanalyste est celle de l’empathie ; l’empathie et non la compassion. Le psychanalyste n’est pas totalement insensible et indifférent au discours et à la souffrance de son patient. Le pire qui puisse arriver à un être humain est l’indifférence dit Elie Wiesel. L’indifférence, c’est s’habituer à la souffrance de l’autre. L’analysant n’est ni un proche ni un ami. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un être humain, de son discours, de la lecture de son existence. Le psychanalyste accompagne ainsi le patient sur le chemin de la compréhension de la vie, de sa vie. De telle sorte qu’il ne soit pas seul, jeté dans sa souffrance, seul face à la tentation de l’absurde.

Comment rester neutre face à la souffrance du patient? Comment s’en protéger en tant qu’être humain et psychanalyste? Où l’empathie s’arrête-t-elle?

A.K : Trouver la juste mesure entre la compassion et l’indifférence est un apprentissage. Il s’agit ni de s’habituer à la souffrance, ni de souffrir avec l’autre, mais de trouver en soi la distance nécessaire dite “thérapeutique” qui sort l’autre de sa solitude qu’il vit souvent comme un destin. La solitude et la souffrance ne sont pas nécessairement un destin. En même temps, c’est à partir de sa propre analyse, de ce que le psychanalyste a compris de son propre vécu qu’il comprend et interprète l’inconscient de son patient. Autrement dit, plus le psychanalyste ira loin dans sa propre analyse, mieux il pourra secourir d’autres êtres humains confrontés à leur propre souffrance. Pour cela, le psychanalyste est tenu, théoriquement, de suivre une tranche d’analyse tous les cinq ans.

Faut-il inévitablement avoir connu la souffrance pour devenir psychanalyste?

A.K : Toute souffrance est à la fois physique et psychique. Oui, il faut avoir connu la souffrance pour devenir psychanalyste. Il ne suffit pas simplement de l’avoir connue, encore faut-il l’avoir analysée et savoir la rendre utile. Cette souffrance est un vecteur pour s’ouvrir à la souffrance de l’autre. Et non pas tout permettre. Car, elle peut malheureusement devenir une arme pour « légitimer » la souffrance de l’autre.
“Quand on a souffert, soit on devient meilleur, soit on devient pire” (Elie Wiesel). Le psychanalyste doit utiliser sa propre souffrance pour devenir meilleur, pour devenir plus « proche » de l’autre.

Comme tous les êtres-humains ?

A.K : Plus que tous les etres-humains, sa vocation, au sens de l’appel, au sens de celui qui est appelé, non seulement par un métier mais aussi par l’autre, sa vocation est de « secourir » l’autre. Même si la consolation est en définitive, une vue de l’esprit. Même si l’irréductibilité de la souffrance renvoie en dernière instance à une infinie solitude. Même si chaque homme se tient inévitablement seul face à sa souffrance.

Dans quel(s) cas peut-il y avoir échec de la relation/de la communication entre le psychanalyste et son patient?

A.K : Lors du premier entretien, il arrive que le psychanalyste ne se sente pas concerné par la ou les problématiques du patient. Les analysants pensent choisir leur psychanalyste alors qu’il s’agit véritablement d’une double élection, d’une vraie rencontre. Ainsi, le psychanalyste décide ou non que la problématique de l’analysant lui reste à jamais fermée.

Le psychanalyste s’impose-t-il comme une figure d’autorité a l’égard de l’analysant?

A.K : Non, il ne s’impose pas comme une figure d’autorité. Il est supposé, selon Lacan, détenir un savoir alors que c’est le patient qui sait. Cela dépend de ce que le patient projette sur le psychanalyste. Cela s’appelle « le transfert ». Le psychanalyste est un « accompagnant » : il accompagne à un moment donné de l’existence sur le chemin de la vie et de sa compréhension.

Selon Levinas, “Dieu est responsable de l’homme mais l’homme est responsable d’autrui”. Le psychanalyste doit-il se sentir responsable de son patient ou finalement, ne serait-ce pas au patient de se sentir responsable de son processus analytique en exerçant un vrai travail d’investigation sur lui-même?

A.K : Pour Levinas, l’homme est responsable de tout être humain. Emmanuel Levinas reprend Dostoïevski qui écrit : “Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres” (Les Frères Karamazov). Si l’homme est responsable de tout être humain, le psychanalyste est a fortiori responsable de son patient. Il est responsable d’une « responsabilité infinie » selon les termes employés par Levinas. C’est une question d’éthique. Il est difficile d’être responsable dans la neutralité, dans la distance et dans la bienveillance. Cela ne va pas de soit.
Le patient doit également se sentir responsable de son processus analytique. L’analyse est un véritable travail. L’analysant doit se sentir responsable du travail qu’il engage. Il y a une responsabilité asymétrique, une dénivellation dans la relation, sans rien attendre de l’autre. La clé est de ne jamais rien attendre. Même pas de simple reconnaissance. Et si l’analyse passe par l’argent, c’est pour libérer l’analysant de sa dette. Le prix d’une séance est au fond symbolique et souvent aléatoire.

Quelles sont les différentes voies pour devenir psychanalyste?

A.K : Il y a des écoles, des diplômes à l’université mais la psychanalyse ne se résume pas à un savoir théorique. C’est une alliance entre un savoir-faire et un savoir-être. Il est nécessaire d’avoir fait une analyse et de l’avoir menée à terme. Il existe l’analyse didactique selon certaines écoles et il existe également ce que l’on appelle la supervision, c’est-à-dire que le psychanalyste doit être supervisé dans sa pratique. Par ailleurs, depuis quelques années il existe des diplômes en psychanalyse même s’ils ne sont pas indispensables et ne permettent pas de devenir psychanalyste.

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