L’intime, le secret et l’inconscient

L’intime, le secret et l’inconscient

Que signifie l’inconscient ? Est-il vraiment une découverte de Sigmund Freud ?

Les théologiens connaissaient depuis fort longtemps cette « inquiétante étrangeté » qui vivait en soi sans que nous en ayons pleinement conscience. Les Sages de la kabbale, les mystiques, spécialistes du secret, connaissent l’âme. L’inconscient, en quelque sorte, c’est l’âme des mystiques.

Pour les kabbalistes, notamment, elle est constituée de plusieurs niveaux mais également d’étincelles, ayant appartenu à d’autres personnes dans le passé, d’où l’idée de métempsychose. L’âme est le lieu du partage, en ce qu’elle est héritée de plusieurs autres, et en ce qu’elle est le lieu de la relation à l’autre. L’âme est un carrefour relationnel. Entre les hommes et le Divin. Entre les hommes et les autres hommes. Elle est également le lieu du secret, de l’intime, de la spécificité. 

Or, cette âme n’est pas seulement spécifique à tout à chacun elle est un tissage, une trame, des fils en constituent le tissus et le psychanalyste tire à un à les fils de l’intime : celui de l’histoire, d’un peuple, d’une nation, d’un pays, d’une ville, d’une tribu, d’une famille et enfin le fil du vécu individuel.

Comme pour toute règle relative à l’être humain, il y a l’héritage et l’invention, ce qui ne nous appartient pas en propre mais qui le devient par la force des choses et ce qui nous est spécifique, les choix au sein d’un vécu, la liberté individuelle.

Dans toute rencontre, si nous savons utiliser notre sensibilité, nous percevons intuitivement tout cet enchevêtrement complexe en un seul instant, nous comprenons la sphère de l’intime avant même de percevoir une apparence physique.

Par conséquent l’inconscient c’est simultanément les autres et l’autre en soi. Et nous passons notre vie entière à découvrir cette multiplicité, cette richesse que nous portons en nous malgré nous.

Quel est le rôle de la psychanalyse face à cet enchevêtrement d’étincelles appartenant aux âmes ?

La psychanalyse est là pour donner la parole à chaque étincelle, pour en retrouver la mémoire et la verbaliser, la nommer. Parfois les étincelles sont tellement enfouies profondément, qu’elles ne sortent que par l’émotion, par les larmes.

Et celui du psychanalyste ?

Le psychanalyste construit des ponts, il est l’architecte entre des temps immémoriaux, le présent et l’avenir, entre des histoires, des destins différents, des générations différentes et un individu rencontré à chaque séance, différemment. Si le psychanalyste interprète et déchiffre, c’est d’abord en se transformant lui-même en pont pour l’autre, c’est plus que de l’empathie ou de l’amour de l’altérité. C’est confirmer l’autre dans son droit à l’existence.

 

 

 

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